Nourrissante, pratique, parfois excellente, parfois farineuse il est vrai, on la trouve partout, elle se consomme le plus souvent crue, mais peut aussi être cuisinée. En pique-nique, dans la rue à tout moment car toute épicerie en vend, et cela dans une majorité de pays dans le monde. Pratique donc pour le voyageur, puisqu’en plus de réconforter son estomac, la banane peut être dévorée en toute tranquillité : pas besoin d’eau pour la laver, ni de couteau pour l’éplucher.
Nous la connaissons sacrément bien cette banane ; nous en mangeons depuis notre plus tendre enfance, nous l’avons toujours vue sur les étals d’épicerie, dans les rayons des supermarchés, dans tout marché sur toute place de village. A tel point que nous oublions parfois l’aspect « exotique » de la banane. La banane ne pousse pas dans nos vergers, ni dans nos potagers. Il arrive parfois de croiser un bananier grelottant dans un jardin, bananier qui tient difficilement son rôle de plante ornementale tant la lutte pour la survie est difficile pour lui sous nos latitudes.
Pourtant, la banane reste dans notre imaginaire un fruit commun. Le kiwi, qui pousse par contre très bien dans des zones fraîches et humides, en climat océanique (en Bretagne pour prendre un exemple au hasard), porte en lui une connotation plus exotique.
Or la banane vient de loin. Il faut donc l’importer pour satisfaire nos appétits gargantuesques pour ce fruit que nous aimons tant. Comme la mangue, l’ananas, le gingembre, et tant d’autres produits naturels dont nous aurions bien du mal à nous passer.
Pas la peine de culpabiliser une fois de plus, en se disant : « mince, la banane vient de loin, ce n’est pas un mode de consommation durable, c’est mal ». Beaucoup des plus exigeants apôtres de la consommation locale et durable mangent aussi de la banane.
Quelques éléments sur le commerce de ce fruit
En terme de volume, la banane est le fruit le plus échangé dans le monde. (en valeur, les agrumes occupent la première place). La banane est source primordiale de revenu et d’emploi pour de nombreux pays « du sud ». Elle représente pour les principaux pays producteurs une part prépondérante des recettes d’exploitation. Elle est d’autre part un aliment de base au même titre que certaines céréales pour de nombreux pays. Le marché de la banane est donc sensible, que ce soit sur les plans économique, politique, social et environnemental.
Les principaux pays producteurs sont l’Inde, la Chine, le Brésil, les Philippines, l’Equateur et l’Indonésie. Les quatre premiers pays exportateurs de banane sont l’Equateur (qui fournit à lui seul 30% des exportations mondiales), le Costa Rica, les Philippines et la Colombie.
Les échanges de banane dans le monde ont longtemps provoqué de véritables crises commerciales au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, certains pays refusant l’ouverture de leurs frontières à certaines productions. Citons rapidement et en résumé le système de marché préférentiel européen qui permettait jusqu’en décembre dernier d’importer en France de façon préférentielle de la banane française provenant de Martinique et de Guadeloupe, alors que le coût de production de cette banane antillaise est bien supérieur au coût de production de la banane équatorienne par exemple. Les pays dit ACP (Afrique Caraïbes Pacifiques) bénéficiaient également dans leur ensemble d’un accord préférentiel. Le droit de douane sur la banane d’Amérique Latine entre autres doit dorénavant baisser progressivement afin de mettre un terme à ce qui était considéré par de nombreux pays comme une concurrence déloyale de la part de l’Union Européenne.
La banane équitable existe-t-elle vraiment ?
Il est depuis plusieurs années déjà de bon ton chez nous consommateurs riches et occidentaux d’acheter de la banane équitable. Oui, vous savez bien, cette fameuse banane équitable, qui nous apporte sur un plateau d’argent la certitude que grâce à notre achat, les petits paysans d’Amérique Latine et d’ailleurs vont pouvoir vivre de leur production.
Le « label » en question est connu en France sous le nom de Max Havelaar, qui appartient au groupe FLO international, ou Fairtrade Labelling Organizations International. Il s’agit d’un label non officiel, privé, qui certifie les productions reconnues comme équitables pour le marché français.
Pour nous, c’est rassurant, pour le vendeur, c’est éthiquement responsable, et pour le petit producteur, c’est évident idéal. Le tour est joué, et les bananes équitables se vendent de mieux en mieux.
La réalité du commerce soi-disant équitable est tout autre
Si le commerce équitable a signifié un temps PMG (Prix Minimum Garanti au producteur) et lien direct entre le producteur et le consommateur, il semblerait que les sociétés de négoce intermédiaires aient récupéré leur place depuis belle lurette. Quant au mythe du petit producteur vendant ses bananes dans nos épiceries, il faut l’oublier. Une bonne partie des produits équitables viennent de plantations et non de petites productions.
Pourquoi poser ces questions ? Pour alerter sur un certain nombre de sujets bien sûr, mais aussi pour réfléchir à notre vrai rôle de consommateur qui ne doit pas se limiter au fait d’acheter. Car même si ces informations nous scandalisent, nous allons continuer à acheter des bananes. A défaut de pouvoir métamorphoser les échanges de bananes dans le monde, nous pouvons par contre, lorsque nous achetons et engloutissons des bananes, réfléchir à certaines des questions évoquées ci-dessus, nous poser des questions et nous renseigner au maximum sur les fruits que nous mettons dans notre panier afin de tomber le moins possible dans les pièges de ceux qui font la pluie et le beau temps dans ce secteur.
Pour nous, mais aussi par respect pour les paysans travaillant dans les plantations, qu’elles soient immenses ou de petite taille.