Depuis le 30 septembre 2004 la loi relative à la bioéthique autorise, à des fins de recherche, l’importation en France de cellules souches embryonnaires humaines. Pourquoi la loi se mêle-t-elle de la recherche sur ces cellules ? Qu’ont-t-elles de si mystérieux ? Pourquoi sont-elles tant convoitées par les chercheurs ?
Qu’est-ce que sont les cellules souches ?
Tout d’abord sachez qu’on a tous été un jour des cellules souches. En effet, avant d’être un adulte vous étiez un bébé. Encore avant cela, un fœtus dans le ventre de votre mère. Et encore avant ? Un embryon formé de cellules toutes identiques, appelées « cellules souches embryonnaires ». Elles sont engendrées par les divisions de la cellule œuf, issue elle-même de la fécondation d’un ovule et d’un spermatozoïde.
Ce qui est étonnant, c’est que ces premières cellules d’embryon sont semblables. Pourtant ce sont elles qui, quelques mois plus tard, vont se multiplier, se différencier et se spécialiser pour former un être humain avec tous ses tissus et ses organes. C’est la capacité de ces cellules à donner les diverses cellules de l’organisme qui leur a valu ce nom de « cellules souches ». Elles sont les mères de toutes les cellules de notre corps.
Ces mères veillent encore sur nous d’ailleurs. On sait aujourd’hui qu’il existe des cellules souches chez l’adulte. Par exemple, celles de la moelle osseuse sont capables de se multiplier et de se différencier pour donner les différentes sortes de cellules du sang. En cela, elles jouent le rôle d’une banque qui fournit des cellules spécialisées lorsque l’organisme en a besoin.
Un trésor pour les chercheurs et les malades
Imaginez qu’on parvienne à prélever des cellules embryonnaires et qu’on les cultive en laboratoire. Ainsi les cellules pourraient donner tous les tissus d’un organisme. Ces cultures permettraient par exemple de fournir à volonté des cellules nerveuses qui pourraient remplacer les cellules anormales d’un malade. Pour cela, des chercheurs tentent de contrôler les divisions et les différenciations des cellules pour obtenir les cellules spécifiques voulues. Pour y parvenir ils doivent comprendre les informations génétiques que portent ces cellules souches et qui leur donnent la capacité de se multiplier et de se spécialiser. Le fait de pouvoir cultiver en laboratoire des cellules de tissus humains permettra également de tester directement les médicaments sur leur cible et de voir s’ils sont efficaces et non toxiques.
Les cellules souches adultes, elles aussi sont loin d’avoir fini de nous livrer leur secret. Nos propres cellules souches pourraient être cultivées puis réinjectées pour remplacer les cellules malades. De cette façon, les cellules injectées ne sont pas rejetées par l’organisme puisqu’elles en proviennent. Aujourd’hui ce genre de greffe de cellules se fait avec les cellules souches de la moelle osseuse pour obtenir des cellules sanguines ; elle se fait aussi avec les cellules de la peau pour soigner les grands brûlés.
De multiples applications sont possibles
Les chercheurs du CNRS notamment, essaient d’identifier les cellules souches de chaque organe. Des cellules souches qui se différencient en os, en cartilage ont été localisées et seraient utilisées pour soigner les fragilités du squelette. Contrairement à ce qu’on a longtemps cru, les neurones sont issus de cellules souches. Ainsi, elles permettraient de traiter les maladies neurodégénératives, comme la maladie de Huntington ou encore d’Alzheimer. En seulement six mois le laboratoire IStem du Génopole d’Evry a trouvé la recette de fabrication des neurones ce qui présage une thérapie dans les deux ans à venir. Comment soigner les myopathies, maladies qui atteignent les muscles ? Grâce à des cellules souches qui se situent au niveau des fibres musculaires. Comment réparer le muscle cardiaque après un infarctus ? Avec des cellules cardiaques qui se contractent de façon rythmique et qui pourraient remplacer la partie lésée.
Mais alors où est le problème avec les cellules souches ?
Malgré les prouesses médicales envisagées, la polémique concerne la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Celles-ci nécessitent des expérimentations sur les embryons (vous savez ?… le premier stade par lequel vous êtes passés). Le Conseil National Consultatif d’Ethique veille à ce que la recherche scientifique se fasse dans le respect de l’être humain. Il a fait en sorte que la loi sur la bioéthique votée en 2004 « respecte l’être humain dès le commencement de la vie et protège l’embryon ». Mais depuis les promesses thérapeutiques faites dans ce domaine, des recherches sont autorisées sur l’embryon lorsqu’elles sont susceptibles de permettre des progrès majeurs. Les recherches sont limitées aux embryons en excès, conçus in vitro pour un couple qui fait appel à une procréation médicalement assistée.
Alors maintenant, à vous de prendre soin de vos cellules souches. En effet, vous en aurez peut être besoin un jour pour vous soigner, en attendant que la recherche sur les embryons humains avance.